L’étrange défaite du rapport du HCSP sur la vape en France

L'étrange défaite du HCSP

Ni bon ni mauvais. Simplement médiocre, sans vision et transpirant la lâcheté. La mise à jour du rapport du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP), publiée ce 4 janvier, ressemble à l’œuvre d’un état-major français campé derrière ces certitudes érigées en ligne Maginot attendant les frappes du tabagisme. 75 000 Français en meurent chaque année, des centaines de milliers souffrent au quotidien de maladies. Mais le HCSP préfère prendre la « précaution » de poursuivre un échec démontré, et d’exclure la réduction des risques et le vapotage des outils des professionnels de santé.

Une démission irresponsable, lâche et sanglante que le HCSP masque derrière des formules creuses et le plus souvent incohérentes. Incohérence d’évoquer des risques issus de la marginalisation du vapotage, sous l’offensive néo-puritaine aux États-Unis, et d’abonder vers cette marginalisation en recommandant aux professionnels de santé d’abandonner à eux-mêmes les patients optant pour arrêter de fumer avec l’aide de la vape.

Incohérences

Incohérence de se plaindre d’un manque d’études, en particulier françaises, et d’avoir exclu du corpus des études de qualité, telles que celles toxicologiques de l’Institut Pasteur. Incohérence de prétendre que la vape ne permet pas d’arrêter de fumer en réclamant des preuves d’essais cliniques qui existent déjà, alors que les résultats en population française dans la vie réelle montrent indiscutablement l’efficacité de santé publique du vapotage face au tabagisme.

Incohérence de craindre une situation à l’américaine et de suivre docilement l’influence américaine de l’élite néo-puritaine, « inspirée » des milliards d’un névrosé voulant imposer au monde sa vision incompétente et désastreuse. Incohérence de mépriser l’approche britannique, dont la situation est pourtant plus proche en tout point de vue de celle française, et dont l’efficacité est indéniable.

Une pensée unique arriérée

Le HCSP s’est habillé d’une pensée de Gamelin, décidant que la santé publique doit se comporter telle qu’il l’imagine. Mais il suffit de regarder les statistiques du tabagisme en France pour voir que le monde réel n’obéit pas aux fantasmes du HCSP. Il lui aurait aussi été utile de regarder plus attentivement celles du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, de la Suède, de la Norvège, ou de l’Islande, pour comprendre que d’autres approches sont plus effectives et profitables à l’intérêt général commun que des dogmes archaïques.

95 % des tabacologues de la SFT considèrent la vape comme aide à l'arrêt tabagique

Absence d’intérêt pour l’expérience d’autres pays mais aussi envers les professionnels de santé de terrain Français. Un sondage interne à la Société Francophone de Tabacologie (SFT) en avril 2021 montre que plus de 95 % de ses membres estiment le vapotage comme un outil d’aide à l’arrêt tabagique. Les recommandations du HCSP signalent leur mépris complet envers les professionnels de santé sur le terrain.

Cependant, peut-être que reconnaître que la vape aide des millions de fumeurs à sortir du tabagisme et de son cortège morbide aurait été peu compatible avec une éventuelle décision d’imposer une taxe punitive contre les vapoteurs ? À la veille de la réunion du Conseil européen sur la révision de la directive sur les taxes tabac (TED), c’est la seule interprétation cohérente de ce contenu insipide qui me soit apparue.

Fumeurs, démerdez-vous ou crevez

Avec ce texte, voté par quinze des dix-neuf membres de sa Commission sur les maladies chroniques, le HCSP invite les professionnels de santé à abandonner des millions de Français susceptibles d’arrêter de fumer en s’aidant de la vape. « Les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN [le vapotage en langage courant non technocratique] comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé », résume le HCSP à sa recommandation n°1. Que les fumeurs se démerdent seuls ou crèvent. Les médecins ne doivent pas les accompagner pour arrêter de fumer avec le vapotage.

Ignorer les études pour prétendre qu’il en manque

Le HCSP prend prétexte de manque d’études scientifiques, en particulier françaises, pour ne pas se prononcer sur plusieurs points. Mais il a volontairement ignoré de son corpus les études toxicologiques de qualité de l’Institut Pasteur de Lille, financées par l’Institut National du Cancer (INCa), sur les effets sur les cellules des bronches et sur le niveau des toxiques dégagés. Leur prise en compte aurait rendu assez difficile de soutenir l’absence de connaissance sur l’impact sanitaire au niveau individuel de réduction des risques manifeste des fumeurs passant au vapotage. Le prétexte est grossier.

Utiliser des falsifications pour produire le doute

Le HCSP a par contre pris en compte des études rétractées, notamment (en ref 166) celle du faussaire Stanton Glantz accusant la vape d’être cause d’infarctus qui avaient eu lieu avant même que les personnes concernées ne vapotent ! Également utilisées, les études-à-buzz new-yorkaises (ref. 24 et 25) sur les souris FVB/N génétiquement modifiées qui développent spontanément des tumeurs dans plus de 20 % des cas.

En somme pour arriver à son « non-avis sceptique », le HCSP a dû dénicher des documents pour justifier de rejeter les études montrant le bénéfice pour les fumeurs de passer au vapotage. Et pour cela, il a été jusqu’à repêcher des études reconnues bidonnées.

Négligence et crétinisme néo-puritain

Concernant le pseudo « effet passerelle », le rapport tricote beaucoup pour ne pas dire l’essentiel. Les études militant pour l’effet passerelle ont ignoré les co-facteurs de risques expliquant le phénomène, à savoir que les jeunes vapoteurs ont le profil de jeunes fumeurs. Dans un monde où la vape ne serait pas apparue, l’essentiel d’entre eux aurait été fumeurs [article sur ce travail sous peu sur Vapolitique].

Bien qu’il le cite, le rapport du HCSP n’a pas saisi (ou pas voulu saisir ?) la portée du travail de méta-analyse de l’Université du Queensland. Un tel manque de compréhension d’une problématique basique de santé publique est inquiétant à ce niveau de responsabilité. Depuis, l’étude de la Pr Ruoyan Sun et al., dans Nicotine and Tobacco Research, a fait la démonstration des biais provoqués par la négligence de co-facteurs de risque dans ces études [un article à suivre aussi sur ce travail… ;)]

Le vapotage ne normalisant pas le tabagisme, il s’agit de tabagiser le vapotage

La section du rapport consacrée à la « dénormalisation du tabagisme » montre, presque par inadvertance, que les auteurs ont bien saisi l’enjeu. Si le vapotage est connoté comme aide à l’arrêt tabagique, avec des caractéristiques le distinguant clairement du tabac notamment au niveau des arômes, il dénormalise le tabagisme. Si le vapotage est abandonné par les pouvoirs publics, le monde de la santé et le milieu associatif de la réduction des risques, alors sa prise en main par des intérêts purement mercantiles peut le tourner dans le sens opportuniste de leurs intérêts.

Et bien, malgré cette évidence, le HCSP incline à tabagiser le vapotage en recommandant de préparer le terrain à des interdictions d’arômes, via sa recommandation n° 13. Il s’agit évidemment de suivre les ordres de Bruxelles après le compromis sur le Plan Cancer qui demande à la Commission européenne de plancher sur l’interdiction d’arômes de vapotage à la prochaine révision de la directive TPD (probablement en 2023).

À moins d’un changement majeur de politique, la France ne connaitra pas une situation de fin du tabagisme d’ici 2030, comme l’espèrent encore certains optimistes. Une orientation aussi néfaste de blocage du moyen le plus efficace pour réduire le tabagisme ne peut pas ne pas avoir de conséquences délétères. Le rapport du HCSP est une triste et étrange défaite de santé publique.

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