#COP8FCTC Le Réseau des usagers INNCO demande à l’OMS de respecter les droits de l’homme et sa charte anti-tabac en incluant la réduction des risques

Le 8ème Sommet anti-tabac de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se tiendra à huis-clos à Genève du 1er au 6 octobre. INNCO, le Réseau international regroupant plus de 30 organisations d’usagers de produits nicotinés à risque réduit, a vu sa demande d’accréditation comme observateur rejetée sans explication par le bureau anti-tabac (FCTC) de l’OMS. A défaut d’être considérés partie prenante du sujet les concernant au premier chef du vapotage, qui sera au cœur de cette COP8, les usagers ont écrit une lettre ouverte avant son ouverture. « L’OMS devrait rejeter la prohibition et reconnaître l’approche de réduction des risques, par une réglementation proportionnée au risque des produits nicotinés sans combustion dans le cadre d’une stratégie efficace de réduction des risques, requise et définie par l’article 1.d de sa Convention-cadre de lutte antitabac », appelle la lettre d’INNCO, signée de sa présidente Nancy Sutthoff. 
Fin juin, le bureau anti-tabac de l’OMS a publié son rapport préliminaire sur le vapotage pour préparer ce sommet. Son soutien est clair aux pays prohibitionnistes qui ont criminalisé le vapotage, et parfois même les vapoteurs, tels que les nations du tabac de Thaïlande, du Brésil et les régimes totalitaires comme la Corée du Nord ou le Turkménistan. Depuis, l’Inde, autre grande nation productrice de tabac, s’est appuyée notamment sur ce rapport préliminaire pour justifier une interdiction de vente du vapotage, alors que plus de 125 millions d’indiens fument.

Une violation des droits humains préjudiciable à la santé publique

Pourtant, « c’est la fumée de la combustion qui cause le fardeau des maladies liées au tabagisme. Il ne fait aucun doute que les produits non combustibles sont beaucoup moins nocifs que les cigarettes », explique l’INNCO. « Nous considérons que l’interdiction de ces produits est contraire à l’éthique, non scientifique, préjudiciable à la santé publique et constitue une protection irrationnelle du commerce des cigarettes », poursuit l’organisation avant de préciser, « une réglementation excessive ou une taxation [des moyens de réduction des risques] est contre-productive et négligente, car la réduction des risques est un droit de l’homme »
INNCO considère que le vapotage n’étant pas un produit de tabac, il ne devrait pas être concerné par les restrictions sur ces produits prônées par l’OMS. Au contraire, l’INNCO pense qu’il devrait être intégré dans une approche de réduction des risques, telle que le prévoit la Convention-cadre élaborée en 2003 sous la direction de Derek Yach. Mais ce point n’a jamais été mis en oeuvre depuis. INNCO exhorte les participants au Sommet COP8FCTC de suivre cette exigence de la charte qu’ils ont signé. Et en conséquence de réviser l’appel à l’interdiction ou la restriction des droits de vente, fabrication ou d’usage du vapotage que propage le bureau anti-tabac de l’OMS. 

Sans témoin

Les délégués des 180 pays membres et de la Commission Européenne entendront-ils cet appel à respecter les droits humains et prendre en considération l’approche de réduction des risques de la part des usagers? On peut en douter. L’exclusion par le bureau anti-tabac de l’OMS de la participation du réseau INNCO à son Sommet foule aux pieds les principes de la charte d’Ottawa de 1986 de l’OMS sur la participation du public aux questions de santé le concernant. La COP8FCTC se déroulera à huis-clos avec près de 2’000 lobbyistes choisis par le bureau anti-tabac de l’OMS. Pour une grande part, des organisations liées à l’industrie pharmaceutique ou au milliardaire affairiste Michael Bloomberg. 
Le public et les journalistes aussi seront interdits de suivre les séances et les débats, à l’exception du traditionnel et ligneux speech d’inauguration. Une stratégie d’opacité propice au noyautage comme l’a montré la dernière édition du Sommet de 2016 dans le smog de New Delhi. Mais une opacité qui confère surtout une extension sans contrôle du pouvoir du bureau anti-tabac de l’OMS, qui dépasse désormais largement les prérogatives prévues initialement de son rôle de secrétariat. 
Il n’y aura donc aucun témoin dans le Centre international de conférences de Genève (CICG) de la manière dont les délégués des pays membres prennent leurs décisions sous la pression des lobbyistes. La sélection des délégués des pays membres est elle-même assez obscure. En l’absence d’information transparente, la rumeur qui circule sur le nom de la déléguée française a d’ailleurs de quoi interloquer…

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