« Il est surprenant de voir une industrie aussi solide et rentable être liquidée comme cela en seulement six mois, mais la réaction des investisseurs montre clairement que les actions des cigarettiers ne sont plus la valeur sûre qu’elles étaient depuis des générations ». L’analyste Jeremy Bowman ne mâche pas ses mots sur Motley Fool, le site d’information financière. Son article fait écho à l’alerte du cabinet S&P Global la semaine dernière sur les actions des trois principaux cigarettiers. Les cours de Philip Morris, Altria et British American Tobacco ont chacun perdu près de 20% de leur valeur sur les six premiers mois de l’année et n’ont pas récupéré de leur crash du printemps.
Bloomberg black-out
Aux Etats-Unis, seul John Cramer du show Mad Money sur CNBC a parlé sur un média grand public de l’analyse de Citi Group qui a mis le feu aux poudres de Wall Street. « La vaporette JUUL a commencé d’écrouler l’industrie cigarettière américaine », titre le rapport dirigé par Adam Spielman, qui ne se trouve pas en accès public mais dont nous en avions relaté les principaux points. La chute de 6% des ventes de cigarettes sur le premier trimestre de l’année s’est accompagnée de la poursuite de l’assaut de la Juul du marché des détaillants des produits de vapotage. Le pod rectangulaire aux sels de nicotine a pris plus de la moitié de ce canal, qui représente un cinquième des ventes globales de produits de vape aux Etats-Unis. Ce réseau de distribution était jusque-là la chasse gardée des produits des cigarettiers.
Les actions de Big Tobacco soldées
I think it’s fair to say that vaping technology has, at minimum, demonstrated that there is a great (perhaps universal) appetite for cigarette-alternatives amongst people who smoke. This is a subtle but important point, for a number of reasons.— Oliver Kershaw (@ojkershaw) 16 juillet 2018
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Campaign for Tobacco-Free Kids à la rescousse des cigarettiers
Alors que le taux de tabagisme adolescent s’est effondré de moitié depuis 2011, la part des ados a avoir expérimenté le vapotage s’es
t réduit depuis 2015, date de l’apparition de la Juul. Pourtant, celle-ci est accusée de propager une « épidémie de juuling chez les lycéens ». En boucle, les médias, y compris français, répètent ce mantra, l’illustrant régulièrement d’images de spots TV anti-vape mettant en scène des jeunes recrutés spécialement pour l’occasion par un cabinet de marketing. Un classique de discours auto-référentiel narcissique où les médias montrent leur propres reflets en guise de preuves.
La coalition des conservateurs du tabagisme
Du point de vue de la réduction des risques, la Juul constitue un produit très intéressant comme en témoigne sa saignée du tabagisme américain. Cependant, la prise d’une grande part du marché par un seul produit, même indépendant des Big Tobacco, fait courir le risque d’une concentration réduisant la diversité et le pouvoir de choix des consommateurs. Le gel des innovations sur le marché américain provoqué par la réglementation de la FDA favorise malheureusement une telle évolution.
And in any case, as any vaper knows, this story is not about the tobacco industry. It’s a story about a very promising, very new technology. It serves only the interests of the Tobacco Industry and its opponents to paint it otherwise.— Oliver Kershaw (@ojkershaw) 16 juillet 2018