[Ristret’] La chasse aux sorcières pousse les vapoteurs à fuir les études

« J’ai eu le cœur brisé d’entendre cela de certains vapoteurs. La désinformation et la diffusion de la peur contre le vapotage ont atteint une telle intensité qu’ils fuient la recherche. Après leur avoir parlé, il est difficile de critiquer leur raisonnement ». Suzi Gage, de l’Université de Liverpool, est dépitée et inquiète dans sa dernière chronique au Guardian. A la recherche de vapoteurs pour une étude sur la méthylation de l’ADN – un biomarqueur connu pour changer l’expression des gènes avec le tabagisme et qui peut être signe précoce de risques, notamment de cancer -, son équipe fait face à deux difficultés. Trouver des vapoteurs n’ayant jamais fumé pour analyser la méthylation de leur ADN hors d’une influence liée au tabagisme, et, d’autre part, la désaffection de la communauté envers les études scientifiques.

« Les vapoteurs réguliers sans passé tabagique sont extrêmement rares (…). En plus de cela, un problème inattendu est la réticence des membres actifs de la communauté du vapotage pour aider à recruter. Ils déclinent leur aide en raison de la peur que les résultats de l’étude servent de nouveau à répandre une image négative du vapotage et des vapoteurs par les tenants d’un agenda politique », explique Suzi Gage. Il y a pourtant un besoin de recherches sérieuses sur le vapotage, notamment sur la question d’éventuels risques à long terme de son usage. Mais la guerre anti-vapoteurs d’une partie des leaders d’opinion de la santé publique a brisé leur confiance. 
« Ce désaccord [entre anti-vapes et défenseurs d’une approche de réduction des méfaits] s’étale dans les médias, générant une image floue des connaissances (et des lacunes) sur le vapotage. Les vapoteurs se sentent persécutés et les fumeurs croient à tort qu’il est inutile d’essayer de passer au vapotage que les médias prétendent aussi dangereux que de fumer », constate la chercheuse en psychologie et épidémiologie. Illustration de ce retrait social des vapoteurs, cet été le site américain Vaping 360 n’hésitait plus à appeler au boycott de certaines recherches malintentionnées. 

« Le vapotage a besoin de science honnête. Mais nous n’en avons plus aux Etats-Unis », regrette Jim McDonald. Echo italophone, dans un article hier dans SigMagazine, Barbara Menitti souligne: « une chose doit être claire pour tout le monde, médias et communauté scientifiques en premier lieu: le climat de chasse aux sorcières ne fait de bien à personne ».

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