[Expresso] L’Union Européenne va t-elle forcer les britanniques à recommencer de fumer ?

« Le vapotage a aidé plus d’1,5 millions de britanniques a arrêter de fumer. Cet extraordinaire succès est mis en danger par ces règles qui rendent le vapotage moins attractif pour les 9 millions de fumeurs britanniques actuels », regrette le Pr Gerry Stimson. Hier, vendredi, l’expert de santé publique londonien participait au rassemblement de la New Nicotine Alliance (NNA) face au Ministère de la santé pour protester contre le sale coup de l’implémentation de la directive européenne TPD dans la Tobacco and related products regulation (TRPR). En effet, malgré le vote pour le Brexit soutenu par une majeure partie des vapoteurs, ils n’y échappent pas. Dès aujourd’hui, les commerces britishs ne peuvent plus vendre d’atomiseur avec des réservoirs de plus de 2 ml et doivent se limiter aux liquides à moins de 20mg/ml (soit 2%) de nicotine dans des fioles de 10 ml au maximum. Des avertissements saugrenus, et erronés scientifiquement, contre la nicotine doivent aussi être accolés sur 30% de la surface du packaging de tout produit, y compris ceux ne contenant pas de nicotine. Etc. 
TPD effect
Au niveau des usagers, les suivis ont montré que de 20 à 30% des fumeurs nécessitent des liquides plus concentrés en nicotine que ce taux maximal décrété sans base scientifique au petit bonheur le bureaucrate. Même une fois sevrés du tabagisme au moins 6% des vapoteurs réguliers, soit près de 180’000 britanniques, utilisent des liquides plus concentrés, selon le récent monitorage de l’Action on Smoking and Health (ASH). Anticipant l’entrée en vigueur des nouvelles règles, les magasins ont déstocké les liquides fortement dosés en nicotine ces derniers mois. « Les données de l’ASH montrant un plafonnement du nombre de vapoteurs [britaniques], une augmentation de la part d’ex-fumeurs comparée aux fumeurs et la baisse du nombre d’usagers de liquides forts indiquent que nous voyons déjà l’impact non seulement de la couverture médiatique (et scientifique) irresponsable sur le sujet mais aussi des premiers effets de la TPD. Les liquides forts ont presque tous disparus des magasins qui visent à être en conformité », explique la NNA sur son site. Dans ces conditions, les fumeurs seraient moins nombreux à se convertir au vapotage.
Pour les vapoteurs déjà sauvés du tabagisme, des problèmes d’approvisionnement risquent de surgir. « Les consommateurs qui ont besoin d’un produit à fort taux de nicotine chercheront à le faire eux-mêmes, retomberont dans le tabagisme ou iront le chercher dans l’économie informelle (marché noir), là où les produits ne sont pas testés », anticipe Richard Hyslop, directeur général de l’Independent British Vape Trade Association (IBVTA) dans le Guardian. Le porte-parole de l’organisation locale de professionnels de la vape précise que le problème se pose aussi pour les atomiseurs de plus de 2 ml et les fioles de recharge de plus de 10 ml de contenance. Jusque-là, la plupart dépassent ces limites. « Si vous devez continuellement re-remplir votre appareil, il est pénible de devoir transporter un tas de fioles avec vous », explique le responsable de l’organisation qui regroupe plus de 1’700 professionnels de vape indépendants de l’industrie du tabac. « A présent, les gens qui veulent des appareils avec des réservoirs plus gros que 2 ml ou des liquides en plus grand conditionnement que 10 ml ne pourront plus les acheter légalement au Royaume-Uni. Mais ils pourront en chercher dans les zones grises ou informelles », poursuit Richard Hyslop.

Tweets à dérouler de Tom Pruen, responsable scientifique à l’ECITA

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Poignard lithuanien
Sur les réseaux sociaux, des brainstormings de vape hacking prennent place. Les astuces pour contourner les règles bruxelloises s’imaginent collectivement. Tuyaux pour des bases nicotinées plus fortes, manière de transformer le réservoir d’un atomiseur… les idées s’affinent. Mais si certaines choses peuvent se faire en local, d’autres vont probablement déplacer les achats vers des sources plus libres. En conséquence, effet redouté des règles européennes, les boutiques physiques locales pourraient en pâtir. « Ces magasins sont équivalents à des centres Stop-tabac de secteur privé. Mais beaucoup vont être forcés à fermer en raison de ce coup de poignard financier », déplore Shayne Adams, directeur de Flavour Vapor, une franchise de magasins. 
Site de l’usine Philip Morris de Klaipeda en Lithuanie
En mai 2016, Lord Prior de Brampton, alors sous-secrétaire d’Etat à la santé, avait promis une « application souple, à « l’italienne », de la TPD ». Même plus souplement implémentée que dans d’autres pays (comme la Belgique par exemple), les contraintes de la TPD contre la vape remettent en cause la chute impressionnante de plus de 20% de fumeurs au Royaume-Uni depuis l’essor du vapotage en 2010. De quoi profiter à des cigarettiers bien implantés dans certains pays européens ?

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