[Expresso] La Nouvelle-Zélande n’est pas la Suisse: Philip Morris n’y a pas de passe-droit

Habitué aux courbettes obséquieuses et aux petits arrangements sur le dos de la population, Philip Morris est tombé sur un os en Nouvelle-Zélande. Contrairement à son homologue Suisse, le Ministère de la santé néo-zélandais n’a pas laissé le cigarettier lausannois profiter de l’interdiction de vente du vapotage nicotiné pour imposer sa cigarette à combustion réduite en complément de ses Marlboro. Le coup bien rodé que Philip Morris a déjà utilisé en Suisse, au Japon et dans une variante italienne de taxes assassines contre la vape nicotinée, ne semble pas parti pour rencontrer la collaboration des autorités kiwis. « Leur comportement est arrogant et irrespectueux. Nous devrions enrager. Je soutiens le Ministère de la santé pour résister aux importations et ventes illégales de Philip Morris de sa nouvelle cigarette en Nouvelle-Zélande. Non pas que je sois forcément opposée à ce produit, mais parce que Philip Morris se croit au-dessus des lois », tempête Natalie Walker, responsable du programme d’innovation en toxicomanie et tabagisme de l’Institut national de santé (NIH), dans le NZ Herald .

Au tribunal le 2 juin
Le cigarettier vaudois a tenté une opération marketing sur internet en invitant à essayer son nouveau produit qui n’a pas encore d’autorisation de vente en Nouvelle-Zélande. Phil Knipe, juriste du Ministère de la santé, a ouvert une enquête. « Les cigarettes de tabac chauffé Heets insérées dans l’appareil sont des produits du tabac et doivent être en conformité avec la réglementation Smoke Free Environnement », explique t-il, comme le relayait le Vaping Post en mars. Le Ministère dela santé a finalement déposé plainte le 18 mai et l’affaire doit passer le 2 juin devant le Tribunal de Wellington. En attendant, le géant vaudois reste confiant dans ses capacités de lobbying. « Philip Morris et le Ministère sont en discussion concernant l’application de la réglementation tabac à propos de notre produit de tabac chauffé », assure Jason Erickson, directeur de PMI NZ, au journal Stuff. Mais une fois n’est pas coutume, il semble que la multinationale ne va pas court-circuiter les règles.
Changement de paradigme
« Les drogues pharmaceutiques et les mesures de soutien actuelles pour l’arrêt du tabac ont peu d’impact pour certains groupes de population. Il est temps de se pencher sur d’autres stratégies d’aides », explique la Pr Walker. C’est pourquoi le 29 mars dernier, Nicky Wagner, Ministre-adjointe à la santé, annonce une révolution paradigmatique en décidant de saisir l’opportunité du vapotage et des modes de consommation à risques réduits de nicotine contre les méfaits du tabagisme. Une rupture radicale avec la ligne répressive anti-fumeur à l’australienne, dont les conséquences sanitaires et sociales catastrophiques sur les groupes de population défavorisés ont convaincu les autorités kiwis de s’ouvrir à une approche plus humaine et efficiente. La décision est actée mais les modalités de mises en oeuvre sont en cours d’élaboration.
Groupe d’experts sur la vape
Le Ministère vient d’ailleurs de publier un appel pour constituer un groupe d’experts sur la question du vapotage. « Philip Morris a décidé de ne pas attendre que le Gouvernement élabore sa politique d’accès aux produits à risque réduit. Ils ont pris l’initiative d’enfreindre la loi », souligne Natalie Walker. L’objectif de PMI est évidemment de prendre de court la concurrence des produits de vapotage pour s’installer sur le marché, à l’instar de sa stratégie en Suisse.  Mais contrairement à certaines administrations bernoises et autre Commission fédérale en main de super-lobbyiste à la carrière politicienne flétrie, les autorités sanitaires néo-zélandaises ne semblent pas enclines à ramper devant les gesticulations tabagiques de la marque aux cowboys cancéreux…

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