[Expresso] Les anti-tabac britanniques laminent le rapport de l’OMS sur la vape

Helvetic Vape
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« Le rapport de l’OMS aborde le vapotage comme une menace, alors qu’en fait, il représente une opportunité majeure pour la santé publique. » Le Centre britannique d’études sur le tabac et l’alcool (UKCTAS) publie ce matin un commentaire critique – in extenso et en anglais – du rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le vapotage. Alors que les usagers de la NNA avaient fait part de leurs critiques, Atakan Befrits, du réseau mondial INNCO, souligne que la réunion préparatoire de l’Union Européenne « ne contient aucune déclaration positive sur la réduction des risques qu’offre le vapotage à ses usagers »
A deux semaines de l’ouverture de la CoP7 de la Convention cadre de lutte anti-tabac (CCLAT) de l’OMS à New-Delhi, c’est au tour des scientifiques de l’UKCTAS de décortiquer l’approche, la validité des données utilisées et l’orientation du rapport préliminaire qui doit servir de base de travail aux délégués sur le sujet. Le Pr John Britton, épidémiologue, la cancérologue Ilze Bogdanovica, la tabacologue Ann McNeill et Linda Bauld, spécialiste en politique de santé publique, s’opposent frontalement à l’appel à la répression de la vape et proposent « d’inverser » radicalement les propositions politiques de l’OMS. 
En bloc, les anti-tabac britanniques rejettent le « soutien injustifié » de l’OMS à l’interdiction du vapotage. « Les mérites de la prohibition sont extrêmement pauvres étant donné la disponibilité généralisée des cigarettes dans toutes les juridictions », conteste l’analyse de l’UKCTAS et poursuit, « il est contraire à l’éthique de refuser aux fumeurs des options au risque beaucoup plus bas que les cigarettes. Il n’y a aucune justification scientifique pour interdire le vapotage d’un point de vue de santé publique », s’engagent les sommités britanniques. Alors que la réduction des risques et dommages est inscrite comme élément stratégique de la lutte anti-tabac de l’OMS, son rapport travestit de manière irrationnelle les risques réels du vapotage aux yeux des scientifiques. 

Paracelse rule

En premier lieu, l’OMS échoue à donner une évaluation sérieuse du risque de cet appareil sans tabac ni combustion. « Sur les questions de toxicologie, le rapport est naïf et insiste sur des risques négligeables découlant de très faibles expositions », souligne l’UKCTAS. Raison de cet alarmisme de l’OMS, son oublie du principe incontournable de Paracelse: « la dose fait le poison ». La faiblesse de la compréhension toxicologique de l’OMS se retrouve sur la question d’un risque pour l’entourage des vapoteurs. Sur ce point, l’OMS va jusqu’à travestir le sens des résultats d’une étude pour lui faire dire le contraire de ses conclusions. En réalité, aucune mesure n’a montré de risques importants pour les proches exposés à l’aérosol rejeté par un vapoteur.

Le vapotage aide de nombreux fumeurs à s’en sortir

Dans la même veine, les anti-tabac britanniques remarquent que les auteurs anonymes du rapport de l’OMS ont manqué de comparer les risques du vapotage à ceux du tabagisme, et parfois même aux limites d’exposition professionnelles en vigueur. « Alors que les données provenant du monde entier montrent que la quasi totalité des usagers de vapotage sont des fumeurs, ex-fumeurs ou auraient été fumeurs sans ce dispositif. La comparaison la plus pertinente à des fins de politique de santé publique est avec le tabagisme », argumentent les chercheurs. 
Le point est d’autant plus pertinent que le vapotage est devenu un moyen efficace et massivement utilisé de sortie du tabagisme. Or, « le document de l’OMS n’évalue pas correctement le rôle que joue le vapotage dans l’arrêt du tabagisme », relève le Centre britannique. Considérant la totalité des données – comprenant essais contrôlés, études observationnelles, les évolutions dans la population du tabagisme et de l’usage de la vape, l’expérience des substituts nicotinés, et l’expérience des vapoteurs très documentée -, les auteurs donnent un indice de confiance élevé à ce que « le vapotage aide beaucoup de fumeurs à cesser de fumer sans avoir d’effets négatifs ».

Le marketing de la vape fait la pub du sevrage tabagique

Pour les chercheurs, la majeure part du marketing du vapotage promeut une véritable alternative à faible risque au tabagisme. « Le rapport de l’OMS rate complètement ce point fondamental », piquent les anti-tabac british, « ce marketing peut être la promotion de changements souhaitables de comportement. Il peut aussi toucher des personnes qui échappent aux interventions classiques sur le tabagisme. » De son côté, le rapport de l’OMS s’est limité à quelques études orientées n’apportant aucun élément sur de mauvaises pratiques. 
Un point très révélateur du puritanisme des mystérieux rédacteurs du rapport de l’OMS est leur haine des arômes. Sur le sujet, « les citations [du rapport de l’OMS] sont sélectives et les résultats mal interprétés. Ils ne soutiennent pas leurs affirmations. Plusieurs citations sont spéculatives ou reflètent simplement des opinions, alors que des études importantes ont été négligées », s’agacent les scientifiques. Le fantasme qui hante l’OMS est que les arômes soient des outils de perversion destinés à séduire les enfants. « En fait, les saveurs font partie intégrante de l’attrait des adultes pour le vapotage comme alternative à la cigarette », précise l’UKCTAS. Les études sérieuses montrent qu’il n’y a pas d’usage régulier de vape nicotinée massif chez les adolescents.

Le spectre de Big Tobacco

Une autre angoisse exprimée par le comité secret de l’OMS est de voir les cigarettiers mettre la main sur le vapotage et le pervertir dans leur intérêt. Problème, cette angoisse repose sur une méconnaissance totale de la situation du marché actuel, de la place très faible des cigarettiers en so
n sein et un gros problème de compréhension des mécanismes économiques. « Le rapport de l’OMS ne saisit pas la menace pour la viabilité commerciale des entreprises de cigarettes traditionnelles d’une rupture technologique comme le vapotage », se gausse le commentaire critique britannique. Ironie, le réel contenu des références citées par l’OMS souligne en fait le danger de favoriser les ventes de cigarettes par des règlements restrictifs contre la vape. « L’OMS devrait être consciente du danger que ses propositions politiques peuvent fournir à l’industrie du tabac un double avantage: 
  1. ralentir le phénomène de disruption du marché des cigarettes par le vapotage ;
  2. façonner le marché de la vape en le formatant au business modèle de l’industrie du tabac », alertent les anti-tabac anglais.

L’OMS tire une balle dans le pied de la population

Offensive, l’analyse critique le travail du rapport de l’OMS. Plusieurs de ses propositions anti-vape sont sans fondements scientifiques, faisant la part belle aux fantasmes. Le principe de proportionnalité semble aussi échapper aux auteurs de l’OMS. Aucune évaluation des conséquences des politiques répressives n’a été faite par les rédacteurs de l’agence de santé mondiale. « Il est très probable que certaines mesures prônées auraient pour effet d’augmenter le tabagisme », s’inquiète l’UKCTAS. 
Comment en protégeant la vente de cigarettes de la concurrence du vapotage, les mesures de l’OMS pourraient réduire les maladies liées au tabagisme? « Il est très probable que l’adoption généralisée des propositions de l’OMS «de réduire la réduction des méfaits» entraînerait un accroissement des maux du tabagisme ». Cette politique contre-productive s’est élaborée sur des documents encore en cours de révision et pas encore publics*, remarquent pour finir les scientifiques britanniques. « Une pratique scientifique aussi pauvre ne fournit pas une base fiable pour des conseils d’orientation stratégique ».
* edit à 17h: merci à Luc pour la suggestion de précision 😉

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