Stop-tabac de Leicester (UK): l’expérience ecig friendly

Louise Ross du Stop Smoking Service de Leicester
Louise Ross du Stop Smoking Service de Leicester
Accueillir et aider tout le monde. Même ceux qui veulent arrêter par la vape. C’est l’idée novatrice de Louise Ross, la directrice du Stop-Tabac de Leicester. Ouvert depuis 13 ans, le centre a aidé plus de 15’000 fumeurs à lâcher la clope. En janvier 2014, ce service de l’East-midlands anglais initie une démarche originale: c’est le premier service de cessation tabagique a devenir ‘ecig friendly’. «Nous ne pouvons pas fournir d’ecigs, qui ne sont pas reconnues comme médication. Mais les personnes qui veulent arrêter de fumer à l’aide de ces appareils sont vraiment bienvenues», explique t-elle dans le bilan après une année de cette pratique. 
 
Au début, l’équipe du centre s’est préparé en rencontrant un vendeur, lui-même vapoteur, pour apprendre l’usage, les différents modèles, les arômes, les prix, les préférences et les styles de vapes. Cet apprentissage a donné lieu à de nombreux échanges au sein des membres de l’équipe, avec les utilisateurs du centre, par des rencontres de vapoteurs expérimentés et de nombreuses lectures sur internet. Une initiation à la culture de la vape qui les conduit à mieux conseiller les débutants. «Nous recommandons aux gens de se renseigner par eux-mêmes pour un vaporisateur de meilleure qualité [de 2ème à 4ème génération], plutôt qu’une cigalike bon marché mais inefficace», précise t-elle. L’équipe a découvert sa diversité, notamment des saveurs des liquides, aspect crucial pour aider le fumeur a passé à la vape avec plaisir.
 
La conception de ce qu’est la cessation tabagique a évolué à travers cette nouvelle expérience. Et le langage s’est adapté: «Nous ne disons plus que la «nicotine est hautement addictive» ou que «la nicotine est addictive comme l’héroïne ou la cocaïne», parce qu’il est reconnu, dans certains cercles du moins, que lorsqu’elle n’est pas inhalée sous forme de cigarette fumée, la nicotine semble beaucoup moins addictive. Le Pr Peter Hajek et d’autres comparent son degré d’addiction à celui de la caféine, lorsqu’elle n’est pas fumée». Le manque de nicotine, pour des fumeurs au long cours, peut rester un point vulnérable même après le sevrage. «Si les conseillers deviennent à l’aise avec l’idée d’une nicotine de maintenance ou même récréative, cela donne à l’ex-fumeur un filet de sécurité pour ne pas s’inquiéter à ce propos». A l’opposé de l’habituelle pression pour un arrêt total de la nicotine qui peut être contre-productive à l’arrêt du tabac et provoquer la rechute.
 
Les résultats après plus d’une année sont très encourageants. Les personnes sevrées du tabac à l’aide de la vape relatent les mêmes améliorations de santé qu’avec les autres modes d’arrêt. Plus d’énergie, une meilleure respiration, une meilleure complétion et une attitude plus positive. «Les taux de réussite pour les personnes utilisant des ecigs (avec ou sans NRT conjointement) montrent une augmentation d’environ 13% supérieureà la moyenne», précise Louise Ross sur le site du centre. Dans le détail, en une année 183 fumeurs suivis ont réussis à se sevrer sur les 296 venus consulter et optant pour s’aider de la vape. Soit 61,8 % de sevrages réussis. Une majorité de ces tentatives ont associé vape et thérapie de remplacement de la nicotine (NRT), telles que des patchs ou des gommes nicotinées. 
 
Louise Ross est très enthousiaste, empreinte de sa gentillesse et de sa générosité, à poursuivre cette nouvelle approche. Le Pr Clive Bates, sur son site Counterfactual, l’a invité en juillet dernier à un billet pour expliquer ce que signifie être un centre stop-tabac ‘ecig friendly’. Nous les remercions chaleureusement de nous avoir donner la possibilité de vous en proposer notre traduction. 
 
Louise Ross: Qu’est-ce que ‘ecigs friendly’ signifie vraiment ?
 
Ce mois-ci, plus de centres stop-tabac se sont déclarés ‘ecig-friendly’ que jamais auparavant. Notamment tous les centres du nord-est de l’Angleterre.
 
J’en suis vraiment fière. J’ai trouvé ce terme en janvier 2014, lorsque notre équipe essayait de travailler sur la façon d’intégrer cette nouvelle technologie, tout en évitant la censure des critiques pensant que nous sortions de la ligne.
 
Plus d’un an plus tard, je suis tombé sur des interprétations très différentes du terme. Je pense qu’il peut être utile de réfléchir à ce que cela signifie à mon sens. 
 
Qu’est-ce que ce n’est pas…
 
À mon avis – ne l’oublions pas, nous travaillons en territoire inconnu ici, sans aucun système standard pour opérer -, il neconstitue pasune tentative de pousser les vapoteurs à arrêter de vaper. J’ai entendu des professionnels de la santé, des animateurs de centre d’aide à l’arrêt du tabac, des commissaires de la santé publique, et aussi des gens du grand public, demander après combien de temps les gens devraient se détacher de leurs vaporisateurs, et suggérer que les utilisateurs d’ecigs pourraient utiliser les centres stop-tabac pour cela. 
 
C’est compréhensible compte tenu de l’antipathie de longue date envers la nicotine, souvent décrite comme plus addictive que l’héroïne ou la cocaïne. Cependant, rappelons-nous que cela ne semble pas être le cas de la nicotine une fois qu’elle est séparée de la cigarette fumée. A la fois dans les thérapies de remplacement de la nicotine (NRT) et avec les ecigs, elle semble être beaucoup moins créatrice de dépendance. Les utilisateurs semblent réussir soit à titrer plus bas [baisser le taux de nicotine], ou même poursuivre sur des périodes raisonnables sans nicotine du tout. Mais ceci, une fois que la fumée réelle est stoppée. 
 
Lorsque les conseillers en cessation tabagique me demandent quoi dire aux gens qui veulent «se détacher des ecigs», je conseille simplement de gérer cela de façon adéquate en réduisant la dose au rythme où la personne se sent à l’aise. C’est une question de self-management (gestion de soi). L’anxiété pour réduire à zéro le vapotage est souvent alimentée par des commentaires négatifs d’un docteur généraliste, ​​ou d’un ami qui a lu un article alarmiste dans les journaux. Une fois que les gens sont rassurés qu’il n’y a pas d’urgence à cesser d’utiliser leur vaporisateur, ils ont tendance à se détendre à ce sujet – certains peuvent arrêter tôt parce qu’ils le veulent, certains réduisent progressivement leur utilisation, et d’autres peuvent poursuivre indéfiniment, de nouveau, parce qu’ils le veulent. Mon but est d’aider les gens à être sans tabac, pas forcément sans nicotine. J’en suis arrivé à penser que l’utilisation à long terme de nicotine (propre) pourrait bien fournir un élément de protection pour empêcher les gens de recommencer de fumer quand ils ont une crise.
 
Donc, après avoir parlé de ce que ce n’est pas, qu’est-ce qu’être ecig-friendly ?
 
Pour moi, c’est accueillir toutes les personnes qui veulent arrêter de fumer, y compris celles qui peuvent vouloir utiliser une ecig pour ça. Elles peuvent avoir beaucoup de questions, et nous ne devons pas prétendre tout savoir, ce qui n’est pas le cas. Être ecig-friendly peut signifier admettre nos limites et signaler aux gens d’autres sources d’information, comme les groupes de vapoteurs, les boutiques sympa prêtes à aider, ou la New Nicotine Alliance, un organisme d’aide qui éduque et plaide pour les vapoteurs.
 
C’est aussi être prêt à chercher à nous aider nous-mêmes, à nous éduquer nous-mêmes. Dans le sens d’une enquête rapide, à propos de questions qui sont parfois incroyablement complexes et confuses, mais en étant prêt à mettre un peu de travail et rester ouvert d’esprit.
 
Cela signifie avoir le courage de prendre des risques, de se lever pour les droits des personnes d’être entendues et de voir leurs expériences acceptées comme valides, malgré le poids écrasant de la désapprobation de tout un secteur hostile «d’experts». 
 
Ça gaze? Ça vape bien! Tina et des ouvriers du gaz
Cela signifie développer une équipe de gens qui bavardent avec les vapoteurs sur les réseaux sociaux. En ayant toujours le désir d’en apprendre davantage sur leurs choix, les saveurs, les changements de santé, la résolution de problèmes. J’ai cette photo de Tina, bavardant avec les hommes du gaz en train de creuser une tranchée devant notre bureau – chacun d’eux avait un vaporisateur! 
 
Cela signifie se rappeler que comme équipe pour la cessation tabagique, nous avons beaucoup d’expérience pour aider les gens à arrêter de fumer – nous savons comment faire pour qu’ils aient plus de chance de réussir, en changeant leurs routines, par la construction de la motivation et en montrant que nous nous soucions vraiment du résultat. Nous avons fait ce chemin avec tant de gens différents qui aspirent à ne plus fumer. Et nous connaissons beaucoup plus de choix que ce que les gens ne sont au courant. Telles que les différentes façons d’utiliser les thérapies de remplacement de nicotine, qui semblent bien fonctionner avec les ecigs. 
 
Récemment, j’ai repensé la relation entre conseiller et usager du service plus comme celle d’un coach avec un sportif ou une sportive à l’entraînement – l’entraîneur est là pour aider à fixer des objectifs, pour améliorer les performances, pour motiver et ramener la personne sur la bonne voie quand elle désespère. Surtout, un entraîneur peut voir le désir de réussite dans les yeux de ses poulains, et il ne les dissuade jamais ni ne les renvoie en disant ne pas pouvoir aider.
 
Une équipe d’aide à l’arrêt tabagique ecig-friendly accueillera tous ceux qui veulent arrêter de fumer, et elle va travailler avec eux, les écouter, les encourager et les respecter. C’est la voie de l’avenir. 
 
Louise Ross
Stop Smoking Service Manager, Leicester City
Associée à la New Nicotine Alliance
 
Suivez Louise sur Twitter:grannylouisa
 
Juillet 2015 (traduction septembre 2015)

creative commons, indiquer la source, merci 😉 

 
 
 
 

 

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